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Par Ziad Alami le
Rédigé en 2007, le rapport de l’UE sur le détournement de l’aide humanitaire à Tindouf n’a été dévoilé que jeudi 22 janvier 2015. L’UE en aurait assez de ce trafic de la honte.
Il aura fallu sept ans pour que l’Union européenne dévoile le rapport rédigé par l’Office anti-fraude, en 2007, sur le détournement de l’aide humanitaire octroyée à la population séquestrée de Tindouf. Que s’est-il alors passé pour que l’UE se décide, enfin, à révéler les conclusions de ce rapport ? Des sources du LE360, qui ont souhaité ne pas être citées, expliquent qu’une puissante action de lobbying a été menée par Alger au sein de l’UE pour empêcher la publication de ce rapport très gênant pour les décideurs algériens, dont
certains sont accusés de «piquer dans la gamelle du pauvre» séquestré sahraoui, pour reprendre une expression chère à l’écrivain algérien Mouloud Feraoun. «Une partie importante de l’aide humanitaire accordée par l’Union européenne (UE) aux habitants sahraouis des camps de Tindouf, en Algérie, est détournée de façon organisée depuis des années», relève l’Office anti-fraude (OAF), dans ce rapport diffusé, hier jeudi 22 janvier, et accueilli avec beaucoup d’indignation par la presse algérienne. «C’est un rapport d’une extrême gravité qui discrédite de manière sérieuse l’Algérie. Il montre aussi l’ampleur de la corruption et des détournements qui n’épargnent aucun domaine», martèle le journal «Tout sur l’Algérie», plus connu sous les initiales «TSA». Ce document, accessible sur le site de l’Union européenne, porte en effet de lourdes accusations et cite des responsables algériens et séparatistes soupçonnés d’être les organisateurs des détournements, qui commencent dans le port algérien d’Oran où est opéré le tri entre «ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné». «Des aliments de bonne qualité destinés aux réfugiés, comme du blé canadien, sont remplacés par leur équivalent de qualité moindre pour être revendus », relève le rapport, en ajoutant que «les produits d’élevage de volailles financé par l’aide internationale sont vendus et non donnés aux réfugiés». Pour précision, il faut souligner que l’aide financière octroyée par l’UE à la population séquestrée s’élève à 10 millions d’euros par an.
Des prisonniers utilisés pour la manutention !
Autre tache noire sur la conscience des responsables de détournement, l’utilisation de prisonniers pour charger et transporter ces « aides humanitaires », épingle le rapport de l’UE. «Ce sont des prisonniers, de guerre ou civils, qui sont utilisés pour la manutention de l’aide et la construction de bâtiments financés par l’aide internationale», dénonce l’Office anti-fraude, sans pourtant préciser qu’une bonne partie de l’aide est revendue en Mauritanie, où de hauts responsables du Polisario, dont Mohamed Abdelaziz, ont bâti des quartiers résidentiels et des établissements administratifs souvent loués à des investisseurs étrangers à des prix mirobolants, sans compter évidemment les villas luxueuses que les protégés de Mohamed Abdelaziz, dont son soi-disant «ministre de la Défense», Mohamed El Bouhali, ont construites en Espagne, à Marbella entre autres hauts lieux touristiques.
Grande question restée en suspens, le montant de l’argent détourné et des subsides en nature revendus sur les marchés sahélo-sahariens. L’UE reconnaît ne pas être «ne mesure» de chiffrer le montant « trop payé » par la Commission et le service européen pour l’aide humanitaire. Et pour cause. «Ni l’Algérie ni le Polisario n’ont accepté qu’un recensement de la population des camps soit organisé», souligne l’Office anti-fraude. L’UE soutient financièrement les camps depuis 1975, sur la base d’une population évaluée par les autorités algériennes à 155.000 personnes, alors que le chiffre réel se limite à 90.000 personnes. Faites la différence et remarquez comment les pontes du Polisario, avec la complicité criminelle de généraux algériens trop peu scrupuleux, ont bâti des fortunes colossales sur les ruines de la population sahraouie séquestrée.