Propos recueillis par Ahmadou El-Katab
C’est en 2004 que
le coup d’envoi des émissions de la chaîne régionale
de télévision de Laâyoune a été donné. Huit ans
se sont écoulés depuis lors. C’est
à ce sujet que Libé
a pris attache avec
le directeur de la chaîne, Mohamed Laghdaf Eddah.
Enretien.
Libé : Votre chaîne vient de fêter son anniversaire. Quel bilan faites-vous de ces 8 ans d’existence ?
Mohamed Laghdaf Eddah : On ne peut pas faire le bilan de huit ans d’existence en quelques mots ou en un laps de temps. Mais je puis vous dire que c’est un bilan satisfaisant tant sur le plan des ressources humaines que sur celui des programmes et des émissions. Rappelez-vous, quand la chaîne avait démarré, nous n’avions pas un seul professionnel de l’audiovisuel originaire des provinces du Sud. A la tête d’une jeune équipe, nous avions relevé le défi.
Aujourd’hui, nous avons une équipe de techniciens et de journalistes qui assurent la réalisation et l’émission des programmes prévus dans le cadre du cahier des charges que nous avons et qui acquièrent quotidiennement davantage d’expérience dans le cadre de notre programme de formation continue.
Nous avons, par ailleurs, noué des relations de confiance avec tous les acteurs politiques et associatifs de la région ; ce qui, en soi était un autre défi non moins important que le premier, étant donné les clivages et les susceptibilités des uns et des autres. Nous avons, de la sorte, pu développer et donner des informations de proximité qui touchent un public nombreux dans les régions du Sud et dans certaines parties des pays limitrophes, fidélisant ainsi plus de 5 millions de téléspectateurs que nous tenons informés, conformément au contrat-programme, des évolutions démocratiques que connaît le pays depuis l’avènement de S.M le Roi. Nous profitons en cela de l’espace de liberté qui n’a cessé de s’élargir ces dernières années. Ceci, bien sûr, malgré une importante concurrence qui a vu la création de plusieurs chaînes de télévision, en l’espace de quelques années. De plus, l’évolution démocratique que connaît notre pays n’a pas manqué d’influencer les pays limitrophes qui connaissent des changements et des mouvements invitant au changement. C’est dire l’importance de l’impact de nos programmes sur nos voisins.
Votre chaîne continue d’être dépendante de la SNRT, tant sur le plan financier qu’au niveau de sa ligne éditoriale. A quand l’autonomie ?
Nous n’avons jamais envisagé une quelconque autonomie. Notre cas est celui de toutes les chaînes du pôle public. Nous ne voulons en aucun cas être privés du soutien aussi bien financier que technique ou logistique que nous apporte la SNRT. Nous sommes donc contents de continuer à être soutenus par la maison mère. De toutes les manières, lors des négociations qu’elle a menées avec le gouvernement dans le cadre du contrat-programme de la SNRT, elle n’a exclu aucune chaîne. Par conséquent, c’est l’intérêt de toutes ces chaînes qu’elle a défendu. Nous ne revendiquons nullement l’autonomie et nous n’aspirons pas à être indépendants.
La visite de M. Ross aurait pu permettre à votre chaîne de crever l’audimat. Cela n’a pas été le cas, car vous n’avez pas couvert cette visite. Pourquoi?
Je peux vous assurer que notre chaîne a été la première à avoir adressé une demande d’interview à M. Ross alors qu’il était encore sur la passerelle de l’avion. Il n’avait pas donné de suite à cette demande pour des raisons qu’il est le seul à connaître. Peut-être ne voulait-il pas médiatiser cette visite pour éviter d’influencer ses entrevues avec ses différents interlocuteurs. Il a imposé un black-out total sur sa visite et sur les activités qu’il a eues durant sa visite. Toujours est-il que nous avons couvert au mieux qu’on pouvait cette visite et nous avons recueilli des déclarations des différents acteurs auxquels il avait accordé des audiences.
La chaîne régionale de Laâyoune nous rapporte souvent des informations des camps du Polisario. Comment pouvons-nous être sûrs de leur véracité ?
Comme tous les journalistes, ceux de la chaîne de Laâyoune ont leurs sources. Mais les camps du Polisario, n’étant pas exemplaires en matière de liberté d’expression ou de démocratie, les journalistes n’ont pas la liberté de s’y rendre pour s’assurer du bien-fondé de leurs informations, et ce à cause de l’embargo imposé par la milice du Polisario et par l’armée algérienne. Aussi, nous procédons par des recoupements en vérifiant auprès de plusieurs sources et auprès des opposants à l’équipe dirigeante, afin de donner des informations que nous estimons fiables et qui se sont toujours avérées vraies.
Comment voyez-vous l’avenir de la chaîne ?
Avec sérénité et confiance. Nous démarrons le nouveau cahier des charges qui prévoit une augmentation de 100% du temps d’émission, passant ainsi de 3 heures à 6 heures et de 6 heures à 9 heures, toujours en 2013, avec une nouvelle grille de programmes. L’exécution de ce nouveau cahier des charges qui doit démarrer en janvier prochain nécessitera, certes, une augmentation consistante du budget que notre président a négocié avec le gouvernement.
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