Tuesday, November 19

Mali, Tunisie… ces nouveaux camps d’entraînement d’Aqmi à quelques heures d’avion de Paris

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ATLANTICO.fr

De nombreux camps d’entraînement terroristes émergent en Afrique du Nord et plus particulièrement au Mali et en Tunisie, et accueillent de plus en plus de Français radicalisés. Une véritable menace pour notre pays.

Menace terroriste

Des camps d'entraînement d'Aqmi prolifèrent en Afrique du Nord.

Des camps d’entraînement d’Aqmi prolifèrent en Afrique du Nord. Crédit Reuters

Atlantico : Quelques camps d’entraînement prolifèrent en Afrique du Nord, notamment en Tunisie et au Mali. Que pouvez vous nous dire sur ce phénomène grandissant ?

Roland Jacquard : Nous ne sommes pas encore au stade des camps d’entraînement tels qu’ils existaient avant le 11 septembre en Afghanistan ou au Pakistan mais on se retrouve avec un phénomène extrêmement inquiétant depuis environ cinq ans qui est celui des départs volontaires de jeunes Européens et particulièrement de jeunes Français vers des terres de djihad . Cela fait parti de la menace terroriste qui pèse sur l’ensemble des pays européens. En effet, lors de l’arrestation d’un certain nombre de ces jeunes quand ils reviennent des zones afghano-pakistanaises, irakiennes ou somaliennes, les services antiterroristes français se sont aperçues en les interrogeant qu’ils avaient réussi à acquérir en peu de temps une connaissance et un savoir-faire impressionnant, notamment dans le maniement des armes et des explosifs. Ils pouvaient donc être des recruteurs de groupes terroristes très inquiétants sur le sol français.

De tels camps de l’autre côté de la méditerranée peuvent-ils représenter une menace pour la France ? Faut-il s’en inquiéter ?

Oui, ces camps représentent aujourd’hui une nouvelle menace pour la France et pour les services antiterroristes. Il existait jusqu’à présent une menace qui venait de l’extérieur, avec notamment Al Qaida au Maghreb islamique ou les groupes talibans ou pakistanais extrémistes qui pouvaient s’en prendre aux intérêts français. Aujourd’hui, il existe une sorte de cinquième colonne française terroriste qui est formée par des jeunes qui sont allés dans des camps en Somalie, au Yémen ou encore en Tunisie. Ce qui est nouveau, c’est que beaucoup aujourd’hui rejoignent des camps dans le nord du Mali et les services français ont la preuve qu’il y a des Français dans la région du Sahel qui servent même de traducteurs à des terroristes d’Aqmi. Ils ne se contentent plus de faire de la propagande lorsqu’ils reviennent sur le territoire mais participent à la vie de la cellule terroriste en renonçant totalement à leur milieu familial. Il y a trois ans, la DCRI avait détecté environ 80 Français qui étaient partis vers le Pakistan, l’Irak ou la Somalie. Aujourd’hui, il y en a une quinzaine qui ont été tués à l’extérieur lors de combats djihadistes. Une nouvelle filière émerge actuellement dans le nord du Mali avec le recrutement possible de jeunes Français, comme ceux qui vont combattre avec l’armée syrienne libre.

La France est la première visée par ces camps. Si des Français se rendent dans ces pays, c’est évidemment pour viser des cibles françaises à leur retour. Cela s’explique par le fait que notre pays est particulièrement impliqué dans la lutte anti-terroriste, notamment contre AQMI du fait de la situation conflictuelle au Mali et par le fait que notre pays est à la pointe de l’aide logistique, diplomatique et opérationnelle avec les forces africaines dans une future intervention au Mali. Nous restons donc en première ligne dans la menace terroriste.

Comment la France doit réagir face à l’émergence de ces camps de concentration à quelques heures de la France, notamment en Tunisie ?

S’il y a des Français qui rejoignent des maisons d’entraînement ou d’initiation à la lutte armée dans des pays comme la Tunisie, qui sont amis de la France,des initiatives devraient être engagées pour faire pression sur le gouvernement pour demander l’expulsion immédiate de ces Français pour les faire revenir en métropole. Il est certain qu’une collaboration totale du gouvernement tunisien serait nécessaire. Si cela était le cas, ce serait un sujet extrêmement grave étant donné l’importance des relations entre la France et la Tunisie. Ce problème commence à être pris en compte par les services antiterroristes français qui sont en train de rédiger un rapport sur les conséquences des révolutions arabes et de la montée des islamistes dans certains pays comme la Tunisie ou l’Égypte sur des jeunes Français attirés par des groupes salafistes.

Existe-t-il des liens entre les groupements en Afrique du Nord et ceux qui existent depuis plus longtemps en Afghanistan ou au Pakistan ?

Jusqu’à présent, c’étaient des mouvement complètement différents. On peut s’inquiéter aujourd’hui car au nord du Mali où Aqmi est installé, on a vu arriver pour la première fois des jeunes djihadistes venant du Pakistan ou de l’Afghanistan qui on rejoint cette zone du djihad. Il y a donc une conjonction qui est en train de se faire.

D’autre part, ce qui peut être alarmant, c’est qu’un certain nombre de groupes ont demandé l’aide du chef d’Al Qaida, Ayman Al-Zawahiri situé au Pakistan. En effet, une missive a été captée par les services de renseignement qui montre qu’Aqmi demandait au chef d’envoyer de futurs combattants en zone Afrique.

Il y a également eu une récente tentative d’attentat non dévoilée contre les intérêts français en Mauritanie et au Sénégal. L’Afrique devient malheureusement une nouvelle terre possible de djihad et de départ de terroristes.

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