LIBERATION.ma
Mourad Tabet
«L’ONU n’entend pas modifier sa médiation au Sahara». C’est ce qu’a déclaré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à S.M le Roi Mohammed VI au cours d’une conversation téléphonique à l’occasion de l’Aïd El-Fitr, rapporte la MAP.
Selon la même source, Ban Ki-moon a souligné que son envoyé personnel et son nouveau représentant spécial rempliront, dans les limites du cadre précis tel que fixé par le Conseil de sécurité, leurs mandats relatifs à l’avancement du processus de règlement de la question du Sahara et, ce faisant, à la contribution à l’instauration des relations bilatérales escomptées avec l’Algérie.
De son côté, le Souverain a réitéré, selon un communiqué du Cabinet Royal, ”les dispositions sincères, volontaires et constructives du Royaume, qui s’appuient de manière tangible sur la proposition d’autonomie avancée, que la communauté internationale a saluée comme levier sérieux et crédible de sortie de ce conflit larvé”.
Le gouvernement Benkirane, rappelle-t-on, avait pris en mai dernier une décision de retirer sa confiance à Christopher Ross, l’envoyé spécial personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, qualifiant ses positions de “déséquilibrées” et de “partiales”. Et il y a quelques jours le quotidien Attajdid avait publié un article dans lequel il affirmait que Ban Ki-moon remplacerait Ross par une autre personnalité avant la fin de ce mois.
Selon des sources proches du dossier du Sahara, le communiqué diffusé par la MAP signifie que ce dernier a maintenu Ross dans son poste de médiateur, mais qu’il a en même temps donné des signes « positifs » en affirmant que ce médiateur ne dépassera pas les « limites » tracées par le Conseil de sécurité.
Cependant, ces mêmes sources ont tenu à préciser qu’il y a crise non pas entre le Maroc et Ross, mais entre notre pays et le Secrétaire général de l’ONU lui-même comme en témoigne son dernier rapport sur le Sahara et aussi la nomination, en juin dernier, de l’Allemand Wolfgang Weisbrod-Weber, ancien chef des fonctionnaires onusiens au Timor Oriental, à la tête de la Minurso avec pour mission, selon certaines sources, « d’élargir la mission de celle-ci pour y inclure la supervision des droits de l’Homme dans les provinces du Sud ».
D’un autre côté, plusieurs acteurs de la société civile de la ville de Laâyoune ont dénoncé la partialité de certains membres de la Fondation Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme qui veulent rencontrer seulement des activistes pro-Polisario et ignorer les autres composantes de la société civile de la ville et les représentants de la population, a affirmé la MAP.
Les membres de cette Fondation sont arrivés à Laâyoune vendredi dernier et comptent visiter les provinces du Sud du Royaume et les camps de Tindouf pour s’enquérir de la situation des droits de l’Homme. Mais les acteurs de la société civile à Laâyoune affirment que les membres de la fondation doivent, pour mener à bien leur mission, suivre une démarche impartiale comme l’exige la déontologie académique, et d’associer à leurs rencontres toutes les composantes de la société civile à la ville sans exclure aucune partie.
Ils ont relevé dans des déclarations à la MAP que cette organisation ‘’familiale, financée par l’Algérie, est investie d’une mission d’appui à la diplomatie du Polisario, à travers l’élaboration d’un rapport partial sur la situation des droits de l’Homme au Sahara et dans les camps de Tindouf’’.
La Commission indépendante de défense des droits de l’Homme au Sahara (CIDDHS) a ainsi décidé de boycotter les réunions de la délégation de la Fondation Robert Kennedy, conduite par Kerry Kennedy et Mary Lawlaor, ‘’en vue, prétendument, d’opérer une évaluation de la situation des droits de l’Homme au Sahara et dans les camps de Tindouf’’.
La décision de boycott intervient, selon les membres de la CIDDHS, en raison de la ‘’partialité flagrante et des préjugés de certains membres de la Fondation, qui ont choisi de se ranger aux côtés d’un seul camp et d’adopter une vision unilatérale de la situation sur place, loin de toute objectivité’’.
Pour sa part, la Ligue des défenseurs des droits de l’Homme au Sahara a exprimé sa ‘’profonde préoccupation’’ quant au déroulement de la visite à Laâyoune de membres de cette Fondation, ‘’qui suivent un agenda préétabli et partial, en rupture avec les principes de démocratie et des droits de l’Homme, ce qui priverait ses rapports de toute crédibilité’’.
Contactée par « Libé », une source proche du dossier qui a requis l’anonymat, a précisé que la délégation de ladite Fondation « ne peut être que partiale vu que la fondation entretient des relations étroites avec le Polisario et les séparatistes et que c’est en fonction de ces relations que l’agenda de la délégation est établi».
«La partialité des membres de la mission ne nous étonne pas», a expliqué le représentant de l’une des associations de la ville à notre correspondant en expliquant que cette partialité, la Fondation Kennedy l’a déjà exprimée en recevant Aminatou Haïdar. Aussi, explique-t-il, l’opinion que les membres de cette Fondation essaieront de propager «ne reflètera aucunement la réalité de la situation, mais celle d’une minorité téléguidée de l’extérieur».
Rappelons que les séparatistes de l’intérieur, comme on les appelle, n’ont ménagé aucun effort, pour s’attirer l’attention et la sympathie des membres de la mission: mutinerie dans la maison d’arrêt locale avec prise d’otages parmi les détenus, marches et provocation des forces de l’ordre, … Tout était orchestré pour que la mission dont les intentions étaient connues d’avance, rédige son rapport en leur faveur. Ce qu’elle comptait faire en débarquant à Laâyoune, selon de nombreuses sources concordantes.
Son manque d’impartialité inquiète également le gouvernement. En effet, le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi a déclaré que le gouvernement marocain espère que la Fondation développe «une vision objective et impartiale» de la situation des droits humains dans la région et dans les camps de Tindouf où ils devront se rendre par la suite.
«Nous attendons des organisations internationales, que ce soit la Fondation Robert Kennedy ou autres, de développer une vision objective, impartiale et réelle tant pour les provinces du Sud du Royaume que pour les camps de Tindouf, aux fins d’une solution politique durable et définitive du conflit artificiel» autour du Sahara marocain.
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