Friday, November 22

Investissements : Le Qatar, un pied au Maroc, et l’autre dans les banlieues françaises

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Yabladi

Le Qatar, un micro-Etat à la conquête du monde. En 2030, ce petit émirat de la péninsule arabique envisage de jouer un rôle significatif dans les relations internationales. Pour y arriver, son émir multiplie les investissements sur le plan interne et externe. La communauté arabo-musulmane n’est pas reste, comme le Maroc et les banlieues françaises qui concentrent une très forte population d’origine musulmane.

Investissements : Le Qatar, un pied au Maroc, et l’autre dans les banlieues françaisesEn moins de deux mois, Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, l’émir du Qatar a foulé le sol marocain à deux reprises. La dernière visite est celle, éclair, datant de ce mercredi 4 janvier. Lors de sa venue en fin novembre dernier, le dirigeant du riche émirat était reparti après avoir assisté à la signature de quatre accords entre le Maroc et sa monarchie, portant entre autres sur l’investissement, le tourisme et les mines. Une démarche qui vise à renforcer le partenariat entre les deux pays dont les échanges commerciaux -essentiellement des produits agroalimentaires, à base de plastique, gaz et pétrole- ne dépassent toujours pas les 600 millions de dirhams.

La valeur des exportations marocaines plafonnaient en août 2011 à 45 millions de dirhams (voir les Echos du vendredi 6 janvier 2012) alors que le royaume dépense quelques 464 millions de dirhams en termes d’importations en provenance du Qatar, avec lequel il a signé près de 45 accords de coopération. Vu l’intérêt grandissant que représente le Maroc pour les investisseurs qataris, la valeur des échanges entre les deux monarchies devrait connaitre une nette progression.

Finance islamique, tourisme…

Le Qatar ambitionne en effet, d’initier l’économie marocaine à la finance islamique avec deux implantations de banques islamiques via la Qatari International Islamic Bank (QIIB). Des discussions avaient été lancées dans ce cadre avec le nouveau chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, favorable à l’entrée au Maroc d’institutions financières régies par la Sharia. Autre introduction attendue, celle de la Qatar National Bank dans le tour de table d’Attijariwafa Bank pour un montant avoisinant les 20 milliards de dirhams.

Doha compte également investir dans le tourisme. En partenariat avec les Emirats Arabes Unis et le Koweit, un fonds de développement touristique devrait voir le jour pour la réalisation d’un projet d’aménagement d’une station à vocation cinématographique et de la réalisation d’une autre de ski à Ouikaimden (près de Marrakech). A Tanger, les Qataris s’activent, pour un montant de 450 millions de dirhams, à réhabiliter le Palais Tazi. Un projet signé en novembre dernier pour générer 100 emplois directs.

« Qatar national vision 2030 »

« Ils cherchent des placements intéressants pour leurs fonds, et dans la région, au lendemain du printemps arabe, il n’y a que le Maroc, avec ses projets d’infrastructures et de développement économique, qui a la capacité d’absorber la masse excédentaire des pétrodollars », soutient un économiste marocain sur les Echos. Mais le Qatar voit beaucoup plus loin. Au terme des deux prochaines décennies, le micro-Etat veut jouer les premiers rôles dans les affaires internationales : C’est la « Qatar national vision 2030 ». En plus du Maroc, Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani piste d’autres zones stratégiques.

En France, on se demande déjà« Jusqu’où ira le Qatar? » avec son « impressionnante force de frappe financière ». Après le PSG et les droits télé de la Ligue des champions, c’est dans les banlieues françaises que l’émirat a décidé d’investir quelques 50 millions d’euros (plus de 550 millions de dirhams durant l’année. L’enveloppe, qui représente 10% des 548 millions d’euros du budget du ministère français de la ville pour 2012 est destiné au financement des projets des jeunes entrepreneurs des banlieues.

« Un investissement gagnant-gagnant » selon Kamel Hamza, président de l’Association française des élus locaux de la diversité (Aneld). Ce « pays, pense Mohamed Ali Adraoui politologue et chercheur à Sciences Po, cherche surtout des relais d’influence dans la société française ». Une interprétation appuyée par Nabil Ennasri, doctorant à l’université de Strasbourg et auteur d’un mémoire de DEA sur le Qatar : « si le Qatar cible les banlieues et la communauté arabo-musulmane, c’est pour qu’elles soient, à terme, un relais de ses idées en France », sachant qu’en « 2008, les élites qataries ont élaboré le +Qatar national vision 2030+ pour imaginer ce que sera la place du pays dans le monde d’ici vingt ans ». L’un des objectifs de cette stratégie n’est rien d’autre que de rendre ce micro-Etat incontournable sur la scène international.

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